Ce dessin, c’est moi avec mon chien. Je fais ce que j’aime le plus au monde, même si je manque souvent de temps pour cela. Je bouquine tranquillement sur mon lit ou mon canapé, et ma chienne, Joy, se pose sur moi. Je me sens toujours très honorée lorsqu’elle vient poser sa tête sur ma cuisse et s’endort. C’est un privilège de sentir qu’un être vivant vous fait confiance à ce point, au point de s’abandonner près de vous pour voyager au pays des rêves pendant que vous veillez sur son sommeil.

Ce dessin me représente bien, avec toutes mes imperfections. Je n’ai pas de formation académique en dessin : je dessine simplement ce qui s’affiche dans mon esprit, ce qui m’inspire à l’instant présent. Mon médium favori est l’aquarelle pour sa délicatesse, sa transparence, mais aussi parce qu’elle oblige à lâcher le contrôle et à se laisser surprendre par l’inattendu.

Vous le remarquerez, il y a des erreurs dans ce dessin : les pattes de Joy semblent un peu étranges. Ce n’est qu’après coup que j’ai compris avoir voulu vraiment montrer ses coussinets. Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve cela tellement mignon. C’est probablement pour cela qu’elle adopte une position incongrue. Il y a aussi ma main, qui tient le livre, et qui ne ressemble à rien de très réaliste. Depuis, j’ai commencé à m’intéresser à la technique pour dessiner les mains et les pieds. Je ne suis pas encore très avancée, mais je progresse.

J’aime beaucoup ce dessin, justement à cause de ses imperfections. Parce qu’il montre, selon moi, que ce qui compte, ce n’est pas tant la perfection que l’authenticité. En tant qu’apprentie artiste, je crois que mon authenticité a, pour le moment et pour longtemps encore, plus de valeur que ma technique. Parfois, je me demande même si la perfection technique et esthétique ne tue pas un peu quelque chose de l’authenticité.

Attention, j’admire les artistes dont le talent leur permet d’allier technique parfaite et authenticité absolue. Je n’en suis pas là, et peut-être que je ne le serai jamais. Mais en publiant ces dessins imparfaits, j’apprends. J’apprends à lâcher prise sur le regard que les autres portent sur moi, sur ce que je fais ou ne fais pas. J’apprends aussi à demander à mon juge intérieur de se calmer, à accepter que, même si tout n’est pas parfait, je peux montrer, partager, donner, continuer à avancer. Parce que l’authenticité a aussi de la valeur.

En dessinant, j’apprends que je n’ai pas besoin d’être parfaite pour avoir de la valeur. Et vous, où en êtes-vous dans votre jugement envers vous-même ? Et envers ce que vous faites ou créez ?